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Antidépresseurs et système Cardio-Vasculaire

Date de publiciation: 02/06/2016
Auteur: Charles DARDENNE

01/06 - Les anti-dépresseurs, et plus particulièrement les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), sont parmi les médicaments les plus prescrits au monde et, depuis plusieurs années, leur utilisation ne cesse d’augmenter. Certains de ces anti-dépresseurs sont soupçonnés d’augmenter le risque d’accidents cardiovasculaires. Il est vrai que des études ont montré que certains d’entre eux, à fortes doses, peuvent allonger l’espace QT. Les travaux réalisés sur le sujet ne sont toutefois pas complètement convaincants.

Une équipe du Royaume-Uni vient de publier une étude de cohorte incluant plus de 230.000 participants âgés de 20 à 64 ans chez lesquels avait été porté un diagnostic de dépression entre janvier 2000 et juillet 2011. Le suivi est en moyenne de 5 ans. L'objectif de l'étude était de déterminer s'il existait un lien entre certains anti-dépresseurs et le risque d'accidents cardiaques et si la dose et la durée du traitement pouvaient avoir une importance à cet égard.

Au cours des 5 ans de suivi, un infarctus myocardique est survenu chez 772 patients, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident ischémique transitoire (AIT) chez 1 106 autres patients, tandis qu'une arythmie était découverte chez près de 1 500 personnes.

Un risque d'infarctus réduit au cours de la première année d'un traitement par IRS

Il n'est pas retrouvé de lien entre la classe d'antidépresseur et le risque d'infarctus du myocarde, sur l'ensemble du suivi. Pendant la première année de traitement, c'est même le contraire qui apparaît, puisque les patients traités par IRS sélectifs ont un risque réduit d'infarctus (Hazard Ratio [HR] ajusté 0,58 ; intervalle de confiance à 95% [IC] 0,42 à 0,79). La fluoxétine est le traitement associé au risque d'infarctus le plus faible (HR 0,44 ; IC 0,27 à 0,72). C'est l'inverse avec la lofépramine, un anti-dépresseur tricyclique, associé à une augmentation significative du risque, toujours au cours de la première année de traitement (HR 3,07 ; IC 1,50 à 6,26). Aucune association n'est retrouvée entre les différentes classes et le risque d'AVC ou d'AIT, ni d'arythmie, sauf pendant les 28 premiers jours de traitement, au cours desquels les tricycliques semblent en lien avec un doublement du risque.

En ce qui concerne le citalopram, mis en cause dans le risque d'arythmie en cas de prescriptions de fortes doses, aucun lien n'est mis en évidence dans cette étude (HR 1,11 ; IC 0,72 à 1,71 pour des doses quotidiennes ≥ 40 mg). Les auteurs précisent toutefois que le nombre de patients traités par de fortes doses de cette molécule est faible, et que pour le moment il convient encore d'éviter de les prescrire à des sujets à risque d'allongement de l'espace QT.

Auteur: Charles DARDENNE
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